Laurent Lutse, de l'Umih*, gérait deux discothèques à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor)
Propos recueillis par B.L.
Pour ce professionnel de la nuit, les discothèques doivent « apporter du rêve aux jeunes » pour s'en sortir.
Pour le Nouvel An, certaines boîtes de nuit n'ouvrent plus, anticipant un échec commercial, mais dans les petites villes toutes les salles des fêtes sont louées. Les gens organisent des soirées privées. A la rigueur, les couples avec enfants iront faire la fête dans des « BAM » (NDLR : bars à ambiance musicale). Les jeunes, eux, sont friands des grands complexes de divertissement situés en périphérie, avec des shows ou des lives. Mais la discothèque à papa, c'est fini.
Certaines vieilles boîtes font-elles de la résistance ?
Historiquement, un grand nombre d'entre elles se sont implantées en Bretagne et en Rhône-Alpes. Dans le seul Finistère, on compte encore 150 discothèques pleines à craquer à minuit. C'est lié à la culture locale. A l'inverse, certains départements, comme le Doubs ou le Tarn, ne comptent plus qu'une ou deux boîtes. En France, on compte à peine 2 200 discothèques. En Italie, en Espagne, la crise est la même. Seuls les pays d'Europe de l'Est, comme la Croatie, la Tchétchénie ou la Roumanie, investissent encore de l'argent dans les boîtes de nuit.
C'est une affaire de génération ou de réglementation ?
Un peu de tout à la fois. Aujourd'hui, entre boire ou conduire, il faut choisir. Dans les campagnes, les boîtes doivent mettre en place des navettes pour attirer la clientèle. C'est coûteux. Et la bouteille à 100 €, ça ne plaît pas. Et la musique ne suffit plus. Il faut apporter du rêve aux jeunes, des animations. Avec iTunes et des enceintes, ils peuvent très bien danser chez eux, avec de l'alcool acheté dans les épiceries.
Etes-vous nostalgique d'une certaine manière de faire la fête ?J'ai connu le début du disco. C'était la folie. Les gens avaient entre 18 et 50 ans. Les boîtes ouvraient tous les soirs de la semaine. Maintenant, même dans les grandes villes, elles n'ouvrent qu'à partir du jeudi, avec une clientèle d'étudiants.
* Laurent Lutse est président de la branche Cafés, bars, brasseries et monde de la nuit de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie.