C'est peu dire que le projet de « taxe de séjour régionale » suscite le courroux des hôteliers de la région parisienne. « Nous ne sommes pas des vaches à lait ! » s'exclame Roland Heguy, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), premier syndicat patronal du secteur qui regroupe 80 000 cafés, hôtels, restaurants et établissements de nuit.
En cause, l'amendement n° 164 additionnel au projet de loi de finances rectificative qui devait être débattu hier soir à l'Assemblée nationale. Déposé par onze députés socialistes et apparentés dont Olivier Faure, élu PS de Seine-et-Marne, ce texte prévoit la création, « à compter du 1 er septembre 2014 », d'une taxe de deux euros par personne et par nuitée dans les 2 400 hôtels répertoriés en région parisienne, quelle que soit leur catégorie.
Des recettes destinées à financer le supermétro
Seuls les terrains de camping échapperaient à ce nouvel impôt. Affecté à la région Ile-de-France, le produit de cette taxe atteindrait 140 MEUR par an. Soit, à dix millions près, le montant des nouvelles recettes (150 MEUR) que le gouvernement s'était engagé à trouver lors de la signature l'an dernier, du protocole de financement des transports franciliens, qui prévoit notamment la construction du supermétro Grand Paris Express.
Tout en déplorant que « cette taxe sera payée par les Français puisque 60 % des clients des hôtels en région parisienne sont des provinciaux », Roland Heguy s'interroge : « Pourquoi les hôteliers où les touristes devraient-ils financer le supermétro ? » Qualifiant cette taxe de « totalement justifiée », Olivier Faure répond : « Il y a une logique à ce que le tourisme finance les transports en Ile-de-France qui desservent de nombreux sites prestigieux. Le RER A a été prolongé pour Euro Disney, les touristes vont en train à Versailles, Fontainebleau, Barbizon... »
Jean-Paul Huchon, le président PS de la région, a indiqué dans un courrier adressé aux députés franciliens qu'il soutenait ce projet déjà évoqué par le député UMP Gilles Carrez en 2009. En revanche, Fleur Pellerin, secrétaire d'État au Tourisme, estime cette idée contraire à l'« attractivité touristique ».
Si elle est votée, cette taxe s'ajoutera à la taxe de séjour actuellement prélevée dans les hôtels parisiens qui s'élève à 1,50 EUR par nuitée dans les établissements quatre et cinq étoiles et à 1,30 EUR dans les trois étoiles.