« Une concurrence déloyale » - Interview Laurent DUC

18/12/13
Le parisien
«C’est une concurrence totalement déloyale. Il faut absolument mettre un peu d’ordre dans cette activité. Ceux qui louent leurs appartements vides aux touristes échappent à toutes les règles tant fiscales que sanitaires auxquelles nous, hôteliers, sommes soumis… » Pour Laurent Duc, responsable de la branche hôtellerie à l’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie), le projet de loi de Cécile Duflot est plutôt une bonne chose.


« Attention, nuance-t-il, je ne dis pas que cette activité ne doit pas exister. Le consommateur a le droit de choisir entre l’hôtellerie classique et un autre type d’hébergement. Seulement, elle devrait répondre aux mêmes exigences d’hygiène et de sécurité. Par exemple, nous avons des contrôles sévères sur les installations électriques. De même, en ce qui concerne le couchage, nous lavons les draps à 90 °C et les désinfectons. Alors que les touristes utilisant les appartements de ces particuliers n’ont aucune garantie d’hygiène… Autant de petits détails qui, mis bout à bout, font la différence », insiste Laurent Duc.

Le syndicat professionnel est actuellement en train de chiffrer le manque à gagner que représentent ces locations, essentiellement sur . Laurent Duc l’évalue à environ 10% pour le parc hôtelier de chaîne. Et jusqu’à 20% pour les petits hôtels indépendants. « Ce sont ces derniers qui souffrent le plus de ces locations sauvages », estime-t-il. Et de citer des cas « d’immeubles dans lesquels quatre ou cinq appartements sont loués à des touristes sans aucune autorisation de la copropriété ».

Un phénomène amplifié et « banalisé » depuis trois ans, selon ce professionnel, par l’émergence des sites en ligne spécialisés. « Ce sont de véritables instruments de vente qui échappent à toutes règles, dénonce encore Laurent Duc. Beaucoup d’investisseurs, et notamment étrangers, ont acheté des appartements ces dernières années dans le but unique de les louer sur de très courtes durées. Les loyers qu’ils encaissent, trois fois plus importants que dans la location traditionnelle à l’année, sont souvent reversés à l’étranger sans passer par la case fisc ou TVA », avance-t-il.