Paris, 30 nov 2014 - Le principal syndicat de l'hôtellerie et de la restauration, l'Umih, tient son 62e congrès annuel de mardi à vendredi, à Nancy, réunissant quelque 1.000 professionnels d'un secteur "en souffrance", avec une hausse de "5,2% des défaillances en un an".
"Il y a la réalité du terrain au jour le jour: les entreprises n'ont pas répercuté aux consommateurs la hausse de la TVA (passée de 7% à 10% au 1er janvier dernier, ndlr) qui leur a été imposée. Et cela pèse dans les bilans en fin d'année", a assuré à l'AFP Roland Héguy, président de la confédération, leader du secteur des CHRD (Cafés - Hôtels - Restaurants - Discothèques).
Selon lui, "la rentabilité des entreprises et leur viabilité sont remises totalement en question. La marge est plus faible et même quand il s'agit du même chiffre d'affaires, il y a un danger avec les trésoreries de ces établissements", souligne-t-il.
En termes de défaillances, "sur les 12 derniers mois, entre octobre 2013 et octobre 2014, on compte 7.849 entreprises concernées, soit 22 entreprises par jour qui mettent la clé sous la porte dans la restauration, l'hôtellerie, les cafés et les discothèques", ajoute M. Héguy, se basant sur des chiffres de défaillances d'entreprises de la Banque de France, dont l'AFP a obtenu copie.
Il s'agit d'"un chiffre lourd et mauvais car il est en progression de 5,2% par rapport à octobre 2013, c'est inquiétant", martèle le président de l'Umih. Les entreprises, selon lui, "sont en souffrance et surtout les petites PME dans les zones rurales".
Ce 62e congrès s'annonce cependant moins tendu que ne le fut le précédent, en 2013, à Cannes, où restaurateurs et hôteliers avaient exigé de la ministre du Tourisme, à l'époque Sylvia Pinel, d'ajourner la hausse de la TVA.
Hasard du calendrier, la tenue du congrès, porté par le thème "l'humain au coeur de nos métiers", correspond à une semaine de mobilisation du Medef, de la CGPME et de l'UPA, les trois organisations patronales souhaitant défendre les PME face à une politique qui les étouffe depuis 30 ans.
- Fabius, puis Delga et Rebsamen attendus -
M. Héguy annonce qu'"une lettre ouverte des 100 présidents départementaux de l'Umih sera envoyée au Premier ministre afin de demander une stabilité fiscale tant au niveau national que local sur les trois prochaines années".
"On parle de simplification mais on ne la voit pas. Aujourd'hui dans nos restaurants, nos hôtels, nos cafés, on ne s'occupe pas assez de l'humain: on est trop aspiré par l'administratif", souligne-t-il.
Ces entreprises déploient "une énergie qui devraient être dépensée pour les clients et la qualité. Il faut donc faire des efforts pour libérer ce potentiel énorme", insiste cet hôtelier restaurateur, propriétaire d'un établissement à Biarritz. Le secteur, dit-il, "demande à travailler dans un cadre clair, stable qui est favorable à l'activité".
Roland Héguy en est persuadé: "les PME peuvent contribuer à la croissance et il faut convaincre les politiques car les volumes d'emplois sont dans ces petites entreprises".
Au coeur de la thématique de ce congrès à Nancy, l'Umih organise mercredi une table ronde autour de Michel Godet, économiste, ou encore Dominique Wolton, sociologue. "Il était important de remettre l'humain au coeur des problématiques du secteur", assure l'Umih.
Le ministre des Affaires étrangères en charge du Tourisme, Laurent Fabius, prononcera par ailleurs un discours dès l'ouverture du congrès, mardi, devant les professionnels du secteur. Carole Delga, la secrétaire d'Etat en charge de l'Artisanat, du Commerce, de la Consommation, ainsi que François Rebsamen, le ministre du Travail, clôtureront les quatre journées de rencontres, vendredi.
L'Umih (80.000 adhérents) représente 85% des entreprises syndiquées du secteur.