Même si le top départ vient d'être donné pour l'utilisation des titres restaurant à puce ce mercredi 2 avril, il faudra s'attendre à une course de fond plutôt qu'à un sprint. Cette évolution a beau être attendue depuis de longs mois, tout n'est pas encore prêt techniquement d'une part et de l'autre, il s'agira de voir comment les utilisateurs accueilleront cette nouveauté.
En effet, si tous les émetteurs de titre-restaurant papier (Edenred1 pour Ticket restaurant, le groupe Chèque Déjeuner2, Sodexo3 et son Chèque restaurant ou Natixis Intertitres4 avec le Chèque de table) disposent dès aujourd'hui d'une carte à puce, ce n'est qu'un modèle de transition. Il prévoient tous de s'appuyer sur une solution technologique développée par une société commune baptisée Conecs. Or cette structure, créée en juillet dernier, ne sera pleinement opérationnelle qu'en fin d'année. En attendant cette solution «maison», les premiers titres-restaurants seront adossés à des réseaux de cartes bancaires. Monéo resto, le nouveau venu qui s'est lancé avant tout le monde, s'appuie déjà sur Mastercard tout comme le fera, dans un premier temps, le leader du marché Edenred.
Un plafond de 19 euros par jourRésultat: les objectifs quant au nombre de porteurs de cette fameuse carte restent bien modestes au vu des 3,5 millions de Français bénéficiaires du titre restaurant. Ainsi, chez Edenred, on table sur 20.000 à 25.000 porteurs de la carte en avril tandis que du côté de Chèque déjeuner on affiche aucun empressement estimant que les instances représentatives du personnel devront statuer sur le choix du support et que la plupart des entreprises clientes préféreront évoluer au moment du changement de millésime.
Pour l'instant, seules les entreprises gérant de nombreux salariés en déplacement régulier ou externalisés (typiquement les SSII) se montrent très pressées de passer à la carte à puce. C'est, pour elles, une logistique bien plus simple à gérer. Pour la plupart des autres sociétés, les supports papier et numérique devraient continuer à coexister en laissant le choix aux salariés. Car si la carte a d'incontestables avantages pratiques (pas de problèmes de perte, possibilité de payer le montant exact au centime près, report des soldes d'une année sur l'autre), il y a aussi des restrictions à son usage. Elle ne sera pas utilisable les dimanches et jours fériés et la dépense quotidienne sera plafonnée à 19 euros par jour.
Par ailleurs, les restaurateurs rechignent encore au vu des taux de commission qui leur seront facturés avec ces cartes. Ainsi Edenred prévoit pour l'instant un alignement vers le haut sur son taux le plus élevé à 3,8% (les taux plus faible correspondant à des remboursements plus tardifs). «Nous sommes très vigilants, ce n'est pas à notre profession de financer ces évolutions, estime Roland Héguy, président de l'Umih, principal syndicat de l'hôtellerie-restauration. Nous espérons que la concurrence tirera les prix vers le bas mais pour l'instant, en dehors d'Edenred, aucun des trois autres émetteurs n'affiche ses tarifs.» Il est vrai que pour l'instant, tous proposent des «offres découverte» avec la gratuité jusqu'en septembre.
Porte-monnaie électroniqueAlors que les géants du titre-restaurant tablent sur une période de transition de cinq à sept ans, les nouveaux venus sur ce marché tentent de se développer le plus rapidement possible. En un an d'existence, Monéo Resto n'a réussi à capter que 15.000 clients mais compte accélérer désormais en misant notamment sur des frais de commission plus faibles proposés aux affiliés. Même approche pour Resto Flash, une start-up proposant des titres restaurant sur téléphone mobile. Le service est actuellement utilisé par 3000 clients en région parisienne et sera peu à peu élargi aux autres régions.