Engagements de Booking.com: les hôteliers français saluent une "avancée" mais réclament davantage

21/04/15
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Les hôteliers français, qui avaient déposé des plaintes à l'encontre de Booking.com jugeant "abusives" certaines clauses de ses contrats, ont salué mardi les engagements pris par le géant de la réservation en ligne comme une "avancée", tout en estimant que "le compte n'y est toujours pas".

Booking.com s'est engagé auprès de l'Autorité de la concurrence française à renoncer à la majeure partie des clauses de parité tarifaire et de disponibilité qu'il imposait aux hôteliers français afin de mettre fin aux procédures engagées par la profession contre lui.

A compter du 1er juillet, les hôteliers pourront proposer sur d'autres plateformes en ligne ou sur leurs propres canaux de réservation hors ligne (à la réception, par téléphone, mail, etc.) des tarifs inférieurs à ceux qu'ils proposent sur Booking.com.

En revanche, les hôtels ne pourront toujours pas afficher sur leur propre site internet des tarifs inférieurs à ceux de Booking, sauf pour les clients titulaires de leur carte de fidélité.

"Nous avons franchi une étape importante, mais cela ne règle pas tout, notre action continue et nous serons vigilants", a déclaré Hervé Bécam, vice-président de l'Umih, principal syndicat hôtelier français lors d'une conférence téléphonique.

"Nous ne sommes pas tout à fait satisfaits, même si les engagements pris par Booking donnent désormais la possibilité à l'hôtelier de pouvoir garantir le meilleur prix à ses clients si ceux-ci le contactent directement", a reconnu M. Bécam.

Mais "il reste encore du chemin à faire (...) car ce que nous voulions, c'est la suppression de la totalité de la clause de parité tarifaire", a indiqué Jacques Barré, président du GNC (syndicat des chaînes hôtelières).

Pour le GNI (représentant des hôtels indépendants), le "compte n'y est pas". "Cette décision tend à faire croire que les hôteliers ont retrouvé leur liberté commerciale et tarifaire. Il n'en est rien", indique le groupement dans un communiqué. "Les hôteliers n'ont toujours pas la possibilité d'afficher, pour les réservations effectuées sur leurs propres sites web, des offres promotionnelles" ou "la faculté de protéger leur propre marque sur le web, pillée sans vergogne par Booking.com". "Le combat continue (...), visant à obtenir la nullité des clauses de parité tarifaire, de disponibilité et organisant la mainmise de Booking.com sur les marques des hôtels", a déclaré Didier Chenet, président du GNI. Le GNI évoque également des pressions de la part de Booking menaçant de "rétrograder un hôtel du statut +préféré+ à un statut classique en cas de non-respect par l’hôtel de la parité de prix".

L'Autorité de la concurrence a pour sa part assuré que "Booking restait sous étroite surveillance" et que tout manquement ou tentative de détourner les engagements qu'il a pris pourrait donner lieu à des sanctions. Pour le groupe hôtelier Accor, qui avait également engagé une procédure à l'encontre de Booking, la décision de l'Autorité "répond en partie" à ses attentes en permettant aux hôteliers de reprendre en partie la main sur leur politique tarifaire et en favorisant les clients fidèles, indique le groupe hôtelier dans un communiqué. "Ce n'est cependant qu'une première étape: pour que cette décision ait une réelle portée et enclenche une baisse des commissions des OTAs (agences de voyages en ligne, NDLR), il faudra qu'Expedia et les autres acteurs en ligne acceptent les mêmes engagements et qu'émerge ainsi une vraie concurrence entre OTAs", souligne-t-il.

 

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