La consommation de bière sous pression...

18/07/13
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À la suite de l'augmentation de 160 % des droits d'accises, les ventes de houblon ont diminué de 4 % dans les moyennes et grandes surfaces. Le secteur s'inquiète.


Victime collatérale de la crise, la bière n'est pas au mieux de sa forme. Depuis le début de l'année, les amateurs boudent les comptoirs des bistrots et les rayons des supermarchés. En conséquence, la production de bière pour le marché français connaît une baisse record de 16,5 % pour le premier semestre 2013. La faute au temps maussade, plaident les plus optimistes. Oui, mais pas que. Les Brasseurs de France, une association qui défend les intérêts d'une centaine de brasseurs, tiennent pour responsable l'augmentation des taxes.

 

Retour en arrière. Le 1er janvier 2013, les droits d'accises (un impôt indirect sur les boissons alcoolisées) flambent de 160 % pour les brasseurs, dont la production annuelle dépasse 200 000 hectolitres (les mastodontes du marché, NDLR). Les plus petites brasseries subissent cette même augmentation, mais elle est minorée en fonction de leur capacité de production. But de l'opération ? Renflouer les caisses de la Sécurité sociale avec près de 480 millions de recettes supplémentaires. Pour les consommateurs, une fois répercutée, cette hausse se traduit par une hausse de 20 à 40 centimes d'euros sur le prix du demi. Loin, très loin des estimations du gouvernement qui tablait sur une majoration maximale de 5 centimes.

 

"Trop tôt pour évoquer des licenciements"


Contacté par Le Point.fr, Pascal Chèvremont, délégué général des Brasseurs de France, ne mâche pas ses mots : "Nous avions averti le ministère de l'Économie de nos prévisions en cas d'augmentation des droits d'accises." L'énarque reconverti dans l'industrie agroalimentaire avait vu juste. Les Français déjà touchés de plein fouet par la crise ont mal supporté la hausse des tarifs. En témoigne la chute de 4 % des ventes de bière dans les moyennes et grandes surfaces. Et, à l'écouter, la météo n'y est pas pour grand-chose. "Afin de redresser la barre, les professionnels innovent en espérant séduire de nouveaux consommateurs", explique-t-il. Reste à savoir si la combine va fonctionner... Quant à d'éventuelles conséquences à venir sur le secteur ? Pascal Chèvremont répond du tac au tac : "Il est bien trop tôt pour évoquer des licenciements."

 

Laurent Lutse, président de l'UMIH (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie cafés, brasseries et établissements de nuit, est sur la même longueur d'onde. Lui non plus ne décolère toujours pas face à cette hausse des droits d'accises. Et pour cause, la consommation de bière a chuté de 15 % dans les cafés et autres restaurants. De quoi mettre à mal une corporation déjà fragilisée par la crise économique. Quant au désintérêt des Français pour la bière, Laurent Lutse y voit trois raisons principales : "La crise économique, la météo des derniers mois et l'augmentation constante des taxes." Mais l'arrivée des beaux jours tend à le rassurer. "Avec le soleil, la consommation repart en flèche, et les terrasses se remplissent", espère Laurent Lutse. Amateurs de bières, vous savez ce qu'il vous reste à faire.