Les sites de location éphémère inquiètent les hôteliers. Ils veulent une durée de location minimale.
Sans posséder la moindre chambre, le site Airbnb est devenu l’une des plus importantes chaînes hôtelières du monde. En France, les professionnels se mobilisent. Le Basque, Roland HEGUY, président de l’union des métiers et des industries de l’hôtellerie, principal syndicat patronal de l’hôtellerie-restauration, fait le point.
Sud-Ouest : Quel est votre avis sur les sites internet de location éphémère ?
Roland HEGUY : Que ce mode de location soit développé n’est pas gênant, car il répondait à un besoin. Nous n’avons rien contre les particuliers qui louent leur résidence principale quand ils partent en vacances. Ce qui est gênant, c’est que ce commerce illégal se professionnalise. Certains louent trois, quatre, cinq appartements à la nuitée, et en ont fait une véritable industrie avec souvent tout un dispositif de services propres à l’hôtellerie comme la lingerie, le ménage.
Quelles sont les contraintes imposées aux loueurs ?
Aucune ! Ces personnes ne respectent aucune des obligations imposées aux hôteliers. Ces locations à la nuitée s’apparentent à du travail dissimulée et à de la concurrence déloyale. On se bat pour l’emploi, et toute une économie souterraine se développe. C’est insupportable.
Quelles sont les autres conséquences ?
Qui est responsable, en cas de problème ou d’accident ? Il y a un vide juridique. Par ailleurs, le montant des commissions payées échappe à l’impôt en France, car le chiffre d’affaires est déclarés aux Etats-Unis. Les locataires n’ont pas à verser de taxe de séjour. Et certains propriétaires oublient d’intégrer ces gains dans leurs revenus imposables. Ça fait beaucoup pour l’Etat…
Que demandez-vous ?
Nous demandons l’interdiction de louer à la nuitée et à l’obligation d’un minimum de six nuitées quand le propriétaire n’est pas là.
Airbnb est régulièrement attaqué pour concurrence déloyale à l’hôtellerie, mais aussi accusé d’amenuiser le parc immobilier des grandes villes…
On parle du problème du logement en France, et des milliers de propriétaires ne mettent pas leurs biens sur le marché… La Ville de Paris estime que la location meublée touristique, plus rémunératrice que la location classique concerne entre 20 000 et 30 000 biens.
La loi DUFLOT tente de mettre fin à ces dérives. La location d’une résidence principale ne nécessitera aucune déclaration particulière, mais de nouvelles règles seront mises en place pour celle d’une résidence secondaire. Qu’en pensez-vous ?
C’est une première avancée, mais nous ne triomphons pas. La loi prévoit également la responsabilisation des intermédiaires. Un autre point nous semble important mais a été censurée par le Conseil constitutionnel. Il imposait l’aval des copropriétaires.
Avez-vous assigné des propriétaires ?
Par encore. Nous l’avions fait l’an dernier pour des chambres d’hôtes illégales. Cela avait été efficace. Pour l’heure, la Mairie de Paris a assigné des propriétaires et a obtenu gain de cause.
Qui en pâtit le plus ?
Les petits hôteliers. Mais désormais, les zones touristiques comme rurales sont confrontées au problème.
La ville de San Francisco vient d’obtenir d’Airbnb la collecte et le reversement d’une taxe de séjour. Faites-vous la même demande ?
Il faut que les lois soient respectées. La taxe de séjour s’impose à tout touriste pour compenser les nuisances qu’il créé. C’est valable pour l’hôtellerie classique, de plein air, les chambres d’hôtes, et même pour les particuliers qui reçoivent leur famille ou leurs amis…
Propos recueillis par Aude BOILLEY