Tourisme : été frisquet, rentrée chaude

10/08/14
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Après un juillet décevant, les professionnels lancent, lundi, "voleurs de vacances", une campagne qui prépare un automne de contestation contre la taxe hôtelière.

 

La rengaine des hôteliers, restaurateurs, gérants de camping du mois de juillet 2014 rappellera celle de l'été passé. Le client, volatil et météo-sensible, s'est manifesté à la dernière minute. Il a dépensé le minimum, rognant sur les sorties au restaurant et les petits extras. Il est aussi resté moins longtemps qu'il ne le faisait les années précédentes, alors même qu'il est arrivé plus tard en villégiature. Une sortie des classes tardive a amputé juillet d'une semaine. Et la Coupe du monde de foot a maintenu à domicile les amateurs de ballon rond la première quinzaine du mois. Sur la Côte d'Azur, ce sont les Russes que l'on n'attend plus tandis que les Italiens se font rares. Et partout, le Français manquera à l'appel. Il a souvent choisi de retourner sur les plages espagnoles, de découvrir les îles grecques ou d'expérimenter les formules tout compris des hôtels du littoral turc. Les prix qui y sont pratiqués collent avec un budget vacances réduit au minimum.

 

Visuel militant, slogan agressif

Les chiffres de la fréquentation sont en baisse partout et sur tous les produits (hôtels, résidences de tourisme, campings) : entre - 6 et -10%. "Jusqu'à l'an dernier, nous avions bénéficié des troubles dans les pays du sud de la Méditerranée. Les gens étaient revenus en France et souvent dans les campings à cause des prix. Là, on voit qu'ils sont vraiment touchés par la crise", regrette Guylhem Ferraud, président de la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein air. Les professionnels du tourisme n'attendront pas la rentrée pour se manifester. Dès lundi, une campagne, que le JDD s'est procurée, va s'afficher dans les établissements pour appeler à la mobilisation. "Voleurs de vacances" annonce la couleur. Visuel militant, slogan agressif, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie, l'Umih, qui regroupe hôtels, cafés, restaurants et discothèques, estime que le tourisme et ses 850.000 emplois sont en danger. "Les Français sont secoués par la crise et on le comprend. Le tourisme évolue, et ça aussi on l'a intégré. Mais le projet de taxe hôtelière a rappelé que le gouvernement n'avait pas pris la mesure des difficultés de notre secteur", résume Roland Héguy, le président de l'Umih.

 

La taxe de séjour sur le tapis en 2015

Les députés ont pourtant bien entendu les hôteliers. Ils ont renoncé au projet de relèvement du plafond de la taxe communale de séjour. Comme ils ont enterré la création d'une taxe de 2 euros en Île-de-France le 16 juillet. Un sursis de quelques mois à peine. Car les hôteliers ont compris que la hausse de la taxe de séjour va revenir sur le tapis en 2015. Depuis le 6 août, ils savent aussi qu'ils ne peuvent plus compter sur l'allégement des cotisations salariales sur les bas salaires qu'ils attendaient. La mesure a été censurée par le Conseil constitutionnel. "Nous assumons déjà le passage de la TVA à 10% au 1er janvier, alors qu'elle était encore de 5,5% il y a deux ans", souligne Roland Héguy. Le 3 septembre, il sera de la première réunion du Comité pour le tourisme, nouvelle "task force" créée par Laurent Fabius pour promouvoir le secteur. Et faire la chasse aux voleurs de vacances.