Hôteliers et restaurateurs n'ont pas profité du retour du soleil le mois dernier. Même si août devrait faire le plein, la saison semble compromise.
Les professionnels du tourisme ont eu beau attendre un rattrapage de dernière minute pour le mois de juillet, il n'est pas venu. «Je n'ai jamais connu une situation aussi favorable qui débouche sur des chiffres aussi mauvais», se désole Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme. Malgré le retour du beau temps, l'envie de partir pour tous ceux qui avait déjà annulé leurs vacances de printemps et la multiplication des promotions alléchantes, rien n'y a fait.
Sur 840 hébergeurs (hôtels, gîtes, campings, résidences de tourisme…) interrogés par Protourisme, 64 % ont vu leur activité baisser en juillet, 24 % sont stables et seulement 12 % ont progressé. Au final, le recul global du nombre de nuitées sur le mois serait de 4,5 % par rapport à 2012. Un chiffre d'autant plus mauvais que juillet 2012 était déjà en retrait de 6 % sur un an. Un recul de la fréquentation qui touche aussi bien les clientèles françaises qu'étrangères. De son côté, le cabinet MKG, spécialiste de l'hôtellerie, estime que le revenu moyen par chambre disponible a fléchi de 4,4 % par rapport à juillet 2012. Un phénomène qui tient à la baisse des taux d'occupation (- 2,1 points) et des prix facturés (- 2,4 %).
L'effet crise n'a même pas bénéficié aux campings, contrairement aux années précédentes, si bien qu'ils affichent des performances en retrait sur les locations de mobile-homes mais aussi sur les emplacements. Les établissements haut de gamme tirent un peu mieux leur épingle du jeu. «Les réservations sur notre portail Internet sont en nette hausse mais la vente sur place recule, note Sébastien Morin, chargé du développement de la chaîne de campings 4 et 5 étoiles Les Castels. On observe surtout un rétrécissement de la haute saison qui démarre désormais après le 25 juillet.»
Août, en revanche, devrait bien se passer et les réservations de dernière minute continuent à affluer. Il n'empêche, août 2012 ayant été exceptionnellement bon, il sera difficile à égaler, ce qui laisse déjà entrevoir un bilan estival globalement négatif.
Restaurants délaissés
Du côté des syndicats de l'hôtellerie-restauration, on n'hésite pas à se montrer plus alarmiste encore. «Au début de l'été, nous mettions nos mauvaises performances sur le compte de la météo mais là c'est clairement le résultat de la crise», souligne Roland Héguy, président de l'Umih1, principale fédération du secteur. Selon ses estimations, le chiffre d'affaires de ses adhérents aurait reculé de 10 %, «et c'est bien pire encore vers l'intérieur des terres qui bénéficie traditionnellement d'un report du trop-plein en zone littorale», précise-t-il.
Même inquiétude du côté des restaurants de chaîne. «Après un premier semestre où la fréquentation globale chez nos adhérents est en recul de 5 %, les trois premières semaines de juillet s'affichent à - 15 %», explique Laurent Caraux, président d'honneur du SNRTC et fondateur de l'enseigne El Rancho. Une situation qu'il explique par les grosses chaleurs, un peu avec l'effet du ramadan et beaucoup par les arbitrages des ménages qui choisissent de réduire ce budget. De très mauvaises performances qui ne font que renforcer l'inquiétude des restaurateurs face au relèvement de la TVA début 2014. Ils sont nombreux à pointer les effets dévastateurs que cette mesure pourrait avoir sur l'emploi. D'ailleurs le début de l'été a déjà connu sa première victime avec le placement en redressement judiciaire de l'enseigne de pâtes Mezzo di Pasta.