Le cru 2014 des vacances d'été ne s'annonce pas comme un millésime mémorable. De l'avis général, après deux bons mois (mai et juin), juillet n'a pas été fameux, voire mauvais pour plusieurs régions. Seules exceptions: la Bretagne et quelques stations normandes, qui bénéficient encore du 70e anniversaire du Débarquement. Si août a bien démarré, la saison ne devrait pas atteindre les niveaux de l'année dernière, qui n'était déjà pas exceptionnelle. «On constate un recul de 4 % des nuitées en juillet, sachant que juillet avait déjà été mauvais en 2012 et 2013, explique Didier Arino, directeur du cabinet d'études Protourisme. Depuis trois ans, le mois de juillet n'est plus une période de haute saison touristique.» Juillet a accumulé plusieurs handicaps cette année: mauvais temps, décalage des vacances scolaires et Coupe du monde de football. «Les résultats sont très disparates selon les régions, souligne Hervé Bécam, vice-président de l'Umih, principal syndicat d'hôteliers et restaurateurs. La météo a favorisé l'Ouest, mais s'en sortent ceux qui peuvent se raccrocher à des événements, des festivals, qu'ils soient locaux ou nationaux.» «Il y a surtout un problème de pouvoir d'achat et de panier moyen en baisse», précise son confrère Marcel Benezet, président cafés, bars, brasseries du Synhorcat. En visite sur les plages du Grau-du-Roi et de La Grande-Motte, il ne peut que constater que les restaurants sont loin de faire le plein contrairement aux pique-niques et autres achats de sandwichs.
Même s'il ne pense pas avoir beaucoup souffert de la météo pluvieuse, Guylhem Féraud, président de la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein air, reconnaît que juillet a été poussif. «Selon un sondage interne, les deux tiers des gestionnaires de camping estiment avoir moins bien travaillé que l'an passé, souligne-t-il. Seule la Bretagne tire son épingle du jeu.» La saison dans son ensemble pourrait rester honorable après le record de fréquentation de 2013 et surtout une dernière semaine d'août qui s'annonce mieux remplie que d'habitude.
«La température remonte»
Tous les regards se tournent vers la fin du mois - et dans une moindre mesure vers septembre. Août a plutôt bien commencé, avec une grande concentration des vacanciers dans les régions les plus recherchées: Paca (en tête), Languedoc-Roussillon et Aquitaine. Août 2013 avait bénéficié d'une fréquentation record, avec 16 millions de Français en vacances (dont 13 en France), selon Protourisme. De son côté, le cabinet d'études MKG note que «la température hôtelière remonte début août». Sur les quatre premiers jours du mois, la croissance du chiffre d'affaires était de près de 20 % sur la France entière, et les palaces de la Côte d'Azur ont vu leur chiffre d'affaires pratiquement doubler.
Cela n'empêche pas le président de MKG, Georges Panayotis, d'estimer qu'entre l'impact du ramadan, la perte d'une partie de la clientèle russe et surtout les difficultés économiques françaises, la saison sera difficile à boucler sur une note positive. Il n'en reste pas moins que les hôteliers, restaurateurs et propriétaires de campings constatent que les touristes étrangers, qui dépensent traditionnellement plus que les Français, viennent aussi plus nombreux, notamment dans la capitale. Mais l'augmentation de cette fréquentation étrangère (30 % du total, contre 70 % pour les Français) ne compense pas le manque à gagner des Français, qui partent moins en vacances l'été. «Avec l'évolution de la consommation, on ne peut plus réduire l'année touristique à juillet et à août, souligne Christian Mantéi, directeur général d'Atout France, l'agence de promotion de la France à l'étranger. Les Français partent de plus en plus toute l'année, quelques jours, en particulier dans les grandes villes». Les parcs d'attractions, eux, ne disposent pas de cette marge de manœuvre. «Juillet-août pèsent 80 % de notre activité, rappelle Sophie Huberson, déléguée générale du Snelac, le syndicat des sites de loisirs. Après une bonne avant-saison, juillet a été décevant.» Pas défaitiste pour autant, elle rappelle qu'août peut rétablir la balance et, surtout, que la saison se jouera sur les dépenses moyennes par visiteur: la restauration et les ventes de souvenirs pouvant compenser un public plus restreint.