Une autre étude, signée Protourisme, affinait la donne en révélant que 63 % de ces futurs vacanciers avaient l'intention de partir pour profiter des beaux jours plutôt que de rester chez eux. Fin juillet, les chiffres se sont vérifiés, et même au-delà des espérances.
Sachant que, traditionnellement, l'immense majorité des 42 millions de vacanciers français restent à l'intérieur de nos frontières, logeant dans une maison de famille ou chez des amis, en location ou en camping.
Noter par ailleurs que ces chiffres positifs s'accompagnent d'une hausse significative de la recette (+27,2% sur la Côte d'Azur), il est vrai largement liée à la clientèle étrangère.
Les départs à l'étranger touchent un peu plus de 10 millions de Français cet été. Comme d'habitude, l'Espagne et l'Italie accaparent la très grande majorité des séjours. Mais la Grèce s'impose sur la troisième marche du podium avec la perspective d'accueillir plus de 1,5 million de nos compatriotes dans l'année dont plus de la moitié cet été. Comme s'ils voulaient montrer leur solidarité dans les difficultés que traverse le pays. Les autres grandes destinations touristiques internationales, États-Unis, Canada, Thaïlande, Chine et pays d'Asie du Sud-Est enregistrant des résultats plus modestes.
Les hôteliers en colère
Surtout, la carte du monde des vacances change: les pays du sud de la Méditerranée, où les séjours touristiques étaient nombreux, Égypte, Tunisie et désormais Turquie, victimes des troubles politiques, n'enregistrent pratiquement plus aucune réservation.
Enfin, les professionnels des vacances observent des modifications de comportement des candidats au départ. Jean-Pierre Mas, président du Snav (Syndicat national des agents de voyages), souligne que «la décision de partir en toute dernière minute progresse énormément, grâce aux facilités qu'offre Internet pour s'organiser soi-même du jour au lendemain». Le patron du Syndicat illustre le propos avec «l'effet canicule» de juillet. Nombre de citadins, Parisiens, Lyonnais, Lillois ou autres Strasbourgeois, auraient ainsi décidé de filer au bord de l'eau, ne serait-ce que quelques jours, contribuant ainsi à l'augmentation des départs et aux bons chiffres affichés par les hôteliers.
Par ailleurs, s'ajoute le recours de plus en plus fréquent aux réseaux coopératifs genre Airbnb. Deux gros arguments: d'abord, l'efficacité pour trouver rapidement un logement ; ensuite, le tarif bien plus avantageux que celui des hôtels classiques. Voilà qui convient à la baisse des budgets vacances. Mais désespère l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie), qui regrette «le développement de l'économie grise. La quasi-totalité des régions constate la forte progression des offres de location d'hébergement entre particuliers mis en ligne sur des plates-formes communautaires (…) qui ne respectent pas la réglementation sociale, fiscale et juridique en vigueur».
Il n'empêche, cette nouvelle donne alimente désormais le paysage touristique français.
Les hôteliers ont une autre raison d'être inquiets. Jean-Pierre Mas observe encore une augmentation significative de l'hébergement non marchand auprès de ceux qui restent en France ou partent à l'étranger: «Ils préfèrent habiter chez des parents ou des amis, ou encore avec des proches, plutôt que d'opter pour l'hôtel. La démarche répond à un souci d'économies. Mais elle résulte aussi du souhait de partager le moment précieux que sont les vacances avec ceux qu'ils aiment. Une manière de retrouver le lien et d'en profiter.»
Certains y voient une façon de conjurer les inquiétudes du jour, celles du quotidien, celles que nous renvoie le monde.