Bon démarrage pour le tourisme, mais…

02/06/22

Les touristes sont de retour. Nous en avons tous la preuve. Dans les métropoles, les files d’attente devant les musées, les parcs de loisirs font le plein, la saison d’hiver à la montagne a été satisfaisante pour les professionnels, sur les littoraux, le long week-end de l’Ascension en a été une juste illustration.

Dans un contexte de reprise de l’activité touristique au niveau mondial, la France a un vrai atout à jouer. Le World Travel & Tourism Council (WTTC), forum pour l'industrie du voyage et du tourisme, indiquait dans un article paru le 25 mai 2022, que « le secteur du voyage et du tourisme en France propulsera la reprise économique nationale et pourrait même dépasser les niveaux pré-pandémiques l'année prochaine, lorsqu'il devrait augmenter de 2,2 % par rapport aux niveaux de 2019 ». Et d’ajouter, « d'ici la fin de l'année, la contribution du secteur au PIB devrait augmenter de 24,3 % pour atteindre plus de 200 milliards d'euros, soit 7,8 % du PIB économique total ».

Des raisons d’espérer semble-t-il. Pour autant, même si les chiffres du premier trimestre se rapprochent de ceux de la même période de 2019, ils ne font pas oublier les deux années de perte. Les différents dirigeants des groupes hôteliers mondiaux se veulent rassurants et optimistes pour l’année 2022. Tout en rappelant, qu’une reprise consolidée n’interviendra qu’en 2023-24.

 

Un premier trimestre en demi-teinte, mais en nette hausse par rapport à 2021, les premiers résultats restent malgré tout en dessous de ceux de la même période de 2019.

Durant cette période, la fréquentation des hôtels en France a enregistré une hausse sensible par rapport à la même période de 2021, même si elle est restée inférieure de 16,4 % au premier trimestre de 2019 (elle était de -63,4 % au premier trimestre 2021 vs 2019). Lors de ce premier trimestre, la clientèle non-résidente est encore absente. La région la plus touchée reste l’Ile de France avec -3,9 millions de nuitées vs 2019 pour un manque global de 7 millions de nuitées sur l’ensemble du territoire national.

 

La montagne retrouve des couleurs

Point positif de ce premier trimestre, une véritable reprise dans les régions de montagnes avec une hausse globale de fréquentation de 4 % par rapport à la moyenne des années 2015-2019, annoncée par Domaines Skiables de France. Après une année 2020 en demi-teinte et une année 2021 de fermeture totale, la reprise d’activité est plutôt satisfaisante pour les professionnels, même si elle ne compense pas une année blanche.

L’agence Auvergne-Rhône-Alpes tourisme a annoncé un bilan de fréquentation en hausse de 6,4 % de nuitées par rapport à la saison hivernale 2020. Dans les Alpes, le taux d’occupation cumulé de janvier à avril est en deçà de celui de la même période de 2019, mais le RevPar en Savoie (TO -4,2 %) et Haute-Savoie (TO -5,6 %) est supérieur avec respectivement 6,4 % et 1,1 % vs 2019. Le département de l’Isère est moins bien loti avec un TO négatif à -5,6 % et un RevPar à -4,3 % vs 2019.

Dans les Pyrénées, Altiservice annonce une hausse de fréquentation des stations du massif de 13 % par rapport à l’hiver 2019-2020.

 

La France favorisée

La fin du passe vaccinale en France et du port du masque en intérieur le 14 mars, ainsi que l’assouplissement des restrictions sur les voyages, marquent un tournant avec en prime une météo plutôt favorable. La reprise des vols longs et moyens courriers, le retour des clientèles internationales et dernier élément d’importance la reprise des voyages d’affaires et de groupe forment un faisceau de présomptions positif pour l’année 2022.

Les chiffres de l’Observatoire MKG-UMIH-GNC montrent une réelle tendance à la hausse, même s’ils ne sont pas encore équivalents à 2019 et sont loin de compenser les pertes enregistrées en 2020 et 2021, années de confinement, de couvre-feu et de restrictions des déplacements.

Les vacances de printemps qui étaient étalées du 9 avril au 9 mai, ont vu la clientèle française se déplacer et la clientèle étrangère faire son retour, notamment en zone de montagne, rurale et littorale.

Le taux d’occupation pour le mois d’avril en France s’établit à 63,7 % (-8,3 % vs avril 2019) pour un RevPar à 61,8 (-2,2 vs avril 2019).

 

L’Ile de France reprend son souffle

A Paris et en Ile de France, le mois de mai a vu le retour notable des touristes étrangers. Le point d’orgue : le week-end de l’Ascension durant lequel s’est déroulé la finale de la League des Champions de football au Stade de France. L’occasion pour la région francilienne de prendre sa revanche sur les deux années précédentes où elle bonne dernière en termes de taux d’occupation (TO) et de revenu par chambre (RevPAR). Ainsi, la région dans sa globalité affiche un RevPAR en progression de 101,5 % à 205 € HT. Paris dégage le RevPAR le plus élevé avec 313 € HT. La Seine-Saint-Denis, département où se situe le Stade de France a vu son RevPAR progresser de 146,4 % avec toutefois le TO le moins élevé des départements à 85,4 %. Les plus belles progressions de taux d’occupation par rapport à 2019 sont toutefois visibles dans les départements « vert » plébiscités par les urbains en quête d’un peu de nature : +20 points dans les Yvelines et +21,9 points en Essonne.

 

Une reprise partout en France

L’Observatoire MKG-UMIH-GNC met en évidence un constat plutôt rassurant : toute la France a profité du mois de mai et notamment de ce week-end de l’Ascension qui peut être qualifié d’exceptionnel. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le littoral a été plébiscité par les touristes avec des évolutions de RevPAR à deux voire trois chiffres pour la majorité des côtes et une occupation qui frôle la saturation.

+145,5 % de RevPAR en Région Sud qui bénéficiait également du week-end de palmarès du Festival de Cannes couplé à la finale de la Champions Cup de rugby remportée par le Stade Rochelais.

+20,4 % pour la Bretagne avec un TO qui frôle les 90 %, +17,9 % sur la côte Atlantique et un remplissage à 91,8 % et enfin +4,6 % en bord de Manche qui affichait déjà des prix moyens élevés en 2019.

 

Optimiste mais prudent

La prudence reste de mise en matière de prévisions. En effet, les violences de ce week-end aux abords du Stade de France ou encore à Saint-Etienne à un an de la Coupe du monde de Rugby et à deux ans des Jeux olympiques de Paris risquent de ternir l’image de la France. Le tourisme reste une industrie sensible au contexte d’insécurité.

A cela s’ajoute, la guerre en Ukraine fait peser des craintes sur les populations, la hausse du prix des matières premières, de l’énergie ce qui a pour effet une baisse du pouvoir d’achat, sans oublier le phénomène des pénuries : pénurie de matières premières, de matériaux et surtout pénurie de main d’œuvre, qui risque d’entacher les perspectives de la reprise, notamment dans certaines régions déjà en tension. Le secteur de l’hôtellerie-restauration n’est pas le seul touché, mais c’est dans ce secteur que ce phénomène est le plus visible.

 

Nathalie Hebting

Journaliste