Les derniers chiffres de l’activité hôtelière pour janvier 2021 sont alarmants et sans précédent dans l’histoire de la profession. Sur tout le territoire, les chiffres sont en chute libre, faute de déplacements de la clientèle touristique et avec la disparition de la clientèle affaires. Par exemple, 60 % des hôtels à Paris sont fermés. Le RevPAR (indice de performance hôtelière) affiche des baisses vertigineuses de -88 % à Paris et -59 % en France.
Les hôtels participent et vivent grâce à l’économie du tourisme d’affaires ou de loisirs sur le plan international et national. L'hôtellerie repose aussi sur un écosystème local, mais le tissu touristique est rompu : restaurants, cinémas, musées, bars et discothèques sont fermés. Les offres touristiques ne sont plus attractives, les touristes ont déserté les hôtels, contraints de se restaurer dans leur chambre, dans les limites d’un couvre-feu à 18 h.
La clientèle d'affaires ne peut compenser ces pertes, car le gouvernement pousse le télétravail et tout le secteur de l'évènementiel est à l'arrêt. L’état des réservations pour les vacances scolaires de février, sur tout le territoire français, affiche un taux d’occupation catastrophique de 13,4 %. Seuls 10 % des hôtels sont ouverts en montagne. Ceux qui le sont n’ont pas des perspectives réjouissantes, contrairement aux résidences et meublés, qui sont privilégiés en raison de leurs cuisines intégrées.
L’hôtellerie est la grande oubliée !
Voilà le drame des presque 18 000 hôteliers français : leurs établissements sont juridiquement ouverts mais économiquement fermés. Ils traversent la crise sur un chemin d’embûches. Quelques exemples :
- Fonds de solidarité : Les hôtels-restaurants ne bénéficient pas du même traitement que les restaurants purs. Leur structuration juridique, souvent plus complexe, les exclut des aides.
- Aides mensuelles : Les gros-porteurs indépendants, fermés faute de clients, perçoivent une aide mensuelle qui ne compense même pas leur loyer.
- Prêt Garanti par l’État (PGE) : Le Gouvernement leur propose le PGE, mais cela reste de la dette, qui plombe les bilans et dégrade les fonds propres. Cela met en péril leur capacité future d’investissement et d’innovation, ce qui est néfaste pour leur avenir et leur image auprès des banques/investisseurs.
- Refus des banques : Les banques refusent de repousser les échéances des prêts bancaires.
- Problèmes avec les assureurs : Les assureurs renâclent toujours à indemniser, même lorsque les contrats le prévoient. Pire, ils imposent la signature d’avenants supprimant les clauses "pandémie" ou "fermeture administrative", tout en refusant l’indemnisation.
Laurent DUC, président de l’UMIH Hôtellerie, déclare :
"Notre profession souffre comme jamais. Nous serons, sans aucun doute, hôteliers indépendants, les plus nombreux à ne pas pouvoir nous relever de cette crise, au détriment de nos 200 000 salariés. Cette réalité est niée par le Gouvernement. La situation devient intolérable quand nous voyons, à l’inverse, d'impétueux groupes nationaux et/ou mondiaux sans vergogne s'enrichir de notre misère."